3 romans où les héros sont des animaux

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C’est le printemps !
Les oiseaux chantent, la nature fleurit, dans les sous-bois la faune sort de son hibernation pour gambader gaiement à travers champs. Pour l’occasion j’ai décidé de vous présenter trois romans dont les personnages principaux sont des animaux.
Pour me restreindre et rester dans une optique printanière, je me suis limitée aux bêtes qui peuplent nos forêts occidentales. Un jour viendra certainement le tour des animaux marins, de ceux de la jungle, et surtout de nos animaux domestiques (chien, chats, hamsters, poissons rouges…).

Au programme : un classique dont l’adaptation est connue de tous mais l’original méconnu, une aventure lapine fabuleusement épique et trois mousquetaires animaliers.


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Ai-je vraiment besoin de vous présenter Bambi ? Si tout le monde se souvient de la mort de la maman de Bambi (RIP), nettement moins savent que le film de Disney est librement inspiré d’un roman autrichien écrit en 1923, interdit et brûlé par les nazis car allégorique du sort des Juifs en Europe. Felix Salten étant juif et ayant de surcroît publié un éloge de Marx et Trotski en 1923, autant dire qu’il dut s’exiler en Suisse dès le début de la guerre, où il y resta jusqu’à sa mort en 1945.
Est-ce qu’avec tout ce contexte vous serez vraiment surpris d’apprendre que le roman est un tantinet plus sombre que le dessin-animé ?

Bambi, un jeune chevreuil, apprend à vivre au rythme des saisons aux côtés des animaux de la forêt mais aussi des hommes, du danger et de la mort.

Bambi s’élança dehors. Une joie immense s’empara de lui avec une force prodigieuse, au point qu’il oublia sa crainte en moins de rien. Il n’avait jamais vu dans les taillis que la cime verte des arbres au-dessus de sa tête et parfois, seulement, par d’étroites échappées, quelques taches bleues éparpillées. Il voyait maintenant se déployer l’azur dans toute sa splendeur et en était heureux, sans savoir pourquoi. Dans la forêt, tout ce qu’il connaissait du soleil se réduisait à de larges rayons isolés ou au doux filet de lumière dorée jouant entre les branches. À présent, il se retrouvait soudain dans cette puissance brûlante, aveuglante, dont le pouvoir absolu l’assaillait ; il se retrouvait au beau milieu de cette ardeur qui le bénissait, lui fermait les yeux et lui ouvrait le cœur.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai été surprise à la lecture de Bambi. Je m’attendais à une lecture un peu enfantine et gentillette, j’ai eu droit aux animaux de la forêt tués par les chasseurs avec moult descriptions et aux périodes de reproduction où Bambi est rendu fou par sa libido. Dans l’ensemble c’est un roman assez violent, porté par un ton doux-amer plutôt adulte. C’est paradoxalement le texte que je conseillerai le moins à un jeune public dans toute cette sélection !

Les descriptions de la forêt et de la nature sont très chouettes, empruntes de poésie. On sentirait presque l’odeur de la mousse et les rayons de soleil sur sa peau en le lisant. Un vrai roman sur la forêt donc, dans toute sa beauté mais aussi sa violence, où la vie continue malgré tout. Le conte est réussi, mais à destination des grands enfants.


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Après les chevreuils, passons aux lapins avec ce classique britannique publié en 1972, qui a bénéficié d’une nouvelle (et très belle) édition chez Monsieur Toussaint Louverture en 2016. Du conte bucolique on passe à l’épique avec une épopée digne du Seigneur des Anneaux ou de l’Odyssée d’Ulysse.

Suite à la prémonition de la destruction de leur garenne, quelques lapins décident de fuir en recherche d’un nouvel endroit pour s’établir. Menés par Hazel, ils devront faire preuve de courage afin d’affronter toutes les épreuves qui se dressent devant eux.

La Terre tout entière sera ton ennemie.
Chaque fois qu’ils t’attraperont, ils te tueront.
Mais d’abord, ils devront t’attraper…

Avec Watership Down, on est face à un monument épique complètement addictif. J’ai enchaîné chapitre sur chapitre sans temps mort et le rythme est remarquablement bien géré. Il y a vraiment cette sensation de pur roman d’aventures qui peut plaire à un très grand public. Si certains passages sont assez violents de par les thèmes abordés et les épreuves endurées par les héros, je conseillerais sans hésiter ce texte aux jeunes adolescents autant qu’aux adultes.

Les lapins sont courageux, loyaux, plutôt attachants même s’ils ont des caractères un peu archétypaux. Comme beaucoup de fables (La Fontaine rpz), l’histoire se sert d’un contexte animalier pour aborder des thèmes politiques comme la migration et le totalitarisme.
L’autre point fort du roman tient dans la mythologie inventée par l’auteur. Le texte introduit des mots inventés, des personnages héroïques et des quêtes racontées par les lapins pour expliquer leur vision du monde. Cela forme un tout très cohérent qui apporte une vraie profondeur à la simple aventure.

Bref, c’est un bon roman que je conseille à tous les amateurs d’aventures homériques.


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Le dernier roman que je présente est un classique anglo-saxon de la littérature jeunesse, publié en 1908. Cette fois-ci nous allons à la rencontre de quatre compères, une taupe, un rat des eaux, un crapaud et une belette, dans des aventures écrites par Kenneth Grahame pour son fils Alistair, aussi entêté que le Crapaud principal. Les animaux sont ici humanisés et en harmonie avec l’humanité donc finies les chasses et la douleur, voici une lecture douce et chaleureuse.

Dans la campagne anglaise, le chaleureux Mr Taupe décide un jour de sortir de sa maison souterraine pour explorer les environs. Il rencontre alors Mr Rat le poète auprès de la rivière, qui lui enseignera les secrets de la navigation et le présentera à l’irresponsable Mr Crapaud et au bourru Mr Blaireau. Les quatre amis vivront de belles aventures au fil des saisons et au cours de l’eau.

Mr Taupe tira Mr Crapaud par le bras, l’emmena dehors, l’installa sur une chaise en osier et lui fit raconter ses aventures du début à la fin. Mr Crapaud ne se fit pas prier. Mr Taupe savait écouter, et Mr Crapaud, sans personne pour vérifier ses assertions ni les contredire, s’en donna à cœur joie. En réalité, une grande partie de ce qu’il débita appartenait à la catégorie des choses-qui-auraient-pu-arriver-si-j’avais-eu-de-la-présence-d’esprit-au-lieu-d’y-penser-dix-minutes-après. Ce sont elles qui pimentent les aventures. Et si nous les avons imaginées, pourquoi ne seraient-elles pas vraies, au même titre que bien des choses, inappropriées, qui se sont réellement produites ?

Comme souvent avec les romans jeunesses, pas besoin d’avoir moins de douze ans pour les apprécier et c’est particulièrement vrai pour le Vent dans les SaulesLe roman est très grand public et familial, dénué de toute la violence des deux romans précédents. Je l’ai lu dans sa version complète, mais il existe également une édition abrégée et généreusement illustrée pour les plus petits.

Pas de mélancolie ni de souffle épique ici donc, mais une lecture très chaleureuse qui met du baume au cœur. Je me suis sentie petite fille avec ce roman d’amitié sur fond de campagne anglaise. Les personnages principaux sont très attachants et m’ont clairement rappelé les-trois-mousquetaires-qui-sont-en-fait-quatre d’Alexandre Dumas. Les aventures se déroulent dans une atmosphère assez paisible et bienveillante.

C’est une belle leçon d’amitié et de bonté, servie par un humour pince sans rire très anglais. Malgré sa centaine d’années au compteur, le roman n’a pas vieilli d’une ride. L’écriture m’a rappelé par moments celle de J.K. Rowling, alias la maman de Harry Potter, et je conseille à tous ce roman jeunesse intemporel et parfait pour les petits comme les grands enfants. Le Vent dans les Saules a été un coup de cœur, du début à la fin.


Avez-vous déjà lu ces romans ?
Connaissez-vous d’autres livres dont les héros sont des animaux ?

9 réflexions sur “3 romans où les héros sont des animaux

  1. Superbe article printanier en parfaite harmonie avec mes lectures du moment!
    Le vent dans les saules existe en BD… dont je viens juste de refermer le premier tome avec mes enfants. Je l’ai trouvé très agréable à lire, gentil (mais pas au sens niais du terme) et les illustrations sont très réussies. Le tome 2 sera pour cet après-midi et la version roman file dans ma wish-list.
    Watership Down est dans ma PAL depuis quelques temps déjà (grâce à Marjorie et au forum), tu me donnes encore plus envie de le lire.
    Et j’assistais hier soir à une rencontre avec un auteur qui a notamment parlé de la version originale de Pinocchio… Il va donc falloir que je me fasse un mini challenge « l’oeuvre avant la disneyfication » 🙂 (il me semble d’ailleurs que j’ai qqpart la VO de la Reine des neiges…)

    J’avais bien aimé « Les fourmis » de B.Werber, lu il y a déjà qqs années.
    Plus récemment, j’ai lu « The Whale rider » de Witi Ihimaera, qui se passe en Nouvelle-Zélande et dont le récit se partage entre les hommes et un groupe de baleines. Il me semble qu’il est classé en littérature jeunesse/ado, ce qui ne m’a pas empêché de le trouver fantastique. Et bien évidemment, je case mon chouchou Jasper Fforde: le chat du Cheshire (oui, celui d’Alice…) est un personnage récurrent de la série des Thursday Next et dans sa série Nursery crime division, on retrouve les personnages des comptines traditionnelles et de la tradition orale, dont les trois petits cochons et le grand méchant loup, entre autres.

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    • Ah c’est génial ça ! La BD a plu à tes enfants ? Tu as tout à fait raison, c’est une histoire gentille, sans le sens niais du terme.
      C’était une rencontre avec quel auteur ? La version originale de Pinocchio est assez hard si mes souvenirs sont bons, je l’avais lu il y a un bout de temps… (mais c’est une bonne idée de sujet ça tiens, les œuvres adaptées par Disney)
      Ah oui, je t’ai vu parler de The Whale Rider sur le forum, il est dans ma liste d’envies depuis ! Et la littérature jeunesse /ado renferme de jolies surprises souvent 🙂
      Les fourmis je l’ai lu au collège et je l’avais vraiment apprécié mais je ne me suis jamais penchée sur la suite, tu as tout lu ?
      Jasper Fforde je crois qu’il va falloir que je lise la suite bientôt 😉

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      • Le grand (bientôt 7ans) a vraiment accroché à la BD et le petit un peu moins.
        La rencontre était avec François Dominique, venu présenté son dernier livre « Délicates sorcières ». J’étais vraiment emballée par le titre, mais la nouvelle qu’il a lue était en décalage avec l’idée que je m’en étais faite. Et puis, c’est étrange d’entendre une histoire comme ça, je crois que je n’ai plus l’habitude des lectures à voix haute. Mais j’ai trouvé ça intéressant de rencontrer un auteur et de découvrir un peu l’autre côté du miroir!
        J’ai lu la trilogie des fourmis. Je garde un très bon souvenir du premier tome, mais il me semble que, notamment pour le dernier, je m’étais dit que ça partait dans une direction qui me plaisait moyennement.

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  2. En effet, je ne savais pas que Bambi était à la base un roman, et rien que pour ça, merci beaucoup. C’est vrai qu’on reste souvent aveugles avec les Disney, alors je suis bien contente de savoir les origines de l’histoire. Je note, ça me semble très intéressant !

    Et Watership down me tente beaucoup beaucoup. Rien que cette couverture, je la trouve sublime !

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    • Je t’en prie ! Je ne savais pas du tout non plus que c’était un roman, surtout aussi récent. Je pense qu’un de ces quatre je me pencherais sur tous les texte adaptés en Disney, ça peut être intéressant !
      La couverture est magnifique oui, je trouve que Monsieur Toussaint Louverture fait un travail superbe (et il y a des petits textes plein d’humour pour présenter l’imprimeur, le papier, tout, c’est génial).
      Je ne sais pas si tu as vu Le séducteur de Jan Kjærstad en librairie mais mazette, aucune idée de quoi ça parle mais c’est si beau que je veux le lire.

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      • C’est vrai oui, ce serait un article très fourni mais vraiment très riche et y’en aura pour tous les goûts en plus ! Je valide l’idée !
        Je ne connaissais absolument pas, mais la couverture est vraiment poignante. Tu vois, je n’ai même pas envie de savoir de quoi ça parle, et juste me laisser guider à cette couverture sublime, ça peut être une très belle surprise ( comme une moins belle mais, bon, voilà. )

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  3. J’ai adorée Watership Down que je recommande a tout le monde depuis, c’est Walking dead chez les lapin, ( la formule est pas de moi, mais ça colle tellement bien)
    Le vent dans les saules est super sympa, même si mes souvenirs remontent.
    Dans le genre romans animalier, il y a évidement le roman de renard. La ferme des animaux , Firmin( un rat de bibliothèque, le livre avaot fait le buzz, perso, j’étais plutot décue) je sais pas si on peut classe le merveilleux voyage de Niels atravers la suède, avec les Jars, oies et renards dans la même categorie, etant donnée qu’un humain intervient?

    « Je suis un chat  » est génial aussi, le quotidien d’un chat d’écrivain, très poètique.

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    • Ah oui, c’est une très bonne manière de décrire Watership Down. Il y a une telle tension dans le roman !
      Oh, je ne connaissais pas du tout Firmin. Le merveilleux voyage de Niels à travers la Suède je compte le lire bientôt, tu l’avais aimé ?
      Je suis un chat pareil, dès que je peux je le lis, j’aime beaucoup Natsume Soseki en plus.
      Merci pour ton commentaire 🙂

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  4. Oui, j’ai aimée, le merveilleux voyage de Niels …, j’avais trouvée une veille édition illustrée, il y a des choses un peu daté, surtout le début, ce qui est prétexte au voyage, après c’est un roman d’initiation classique, mais il y a des passages vraiment pas mal!

    Je suis un chat est formidable.

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