Be afraid, be very afraid – 6 livres pour préparer Halloween

halloween.png

C’est bientôt Halloween !
Pour l’occasion, quoi de mieux que de se plonger dans l’ambiance avec films, séries et bouquins ? J’aime beaucoup cette période où, comme chaque année, je me concocte une petite liste de films d’horreur à déguster tout le mois. Ici je reste sur le littéraire, entre nouvelles, comics et classiques de la littérature horrifique. Rassurez-vous, j’ai divisé l’article en une partie plutôt « gentille » et une autre un poil plus terrifiante. Pas de thème particulier autre que celui de… la peur, sous bien des aspects.
Et si vous voulez plus de conseils, y compris plus grand public (un seul livre de cet article peut être mis entre les mains d’enfants), j’en poste pendant tout le mois sur mon compte Instagram (vous pourrez retrouver la sélection toute l’année avec le hashtag #halloweenvermoulu).


Halloween, c’est sympa, mais pas pour les frissons : vous cherchez surtout l’ambiance !

the-wind.png
The Wind – Victor Sjöström (1928)

dorian_gray

Le Portrait de Dorian Gray
Oscar Wilde
(1890)

Que serait Halloween sans un classique victorien quasiment gothique ? Plus besoin de présenter Le Portrait de Dorian Gray tant l’œuvre s’est imposée dans l’imaginaire collectif : un beau jeune homme se laisse corrompre afin de garder sa beauté à jamais, laissant son portrait vieillir à sa place.

Un beau jour vous regarderez votre jeune ami et vous trouverez que ses lignes ne sont pas aussi harmonieuses, ou bien vous n’aimerez plus sa nuance, ou un autre détail. Vous lui en voudrez amèrement, au fond de votre cœur, et vous serez convaincu qu’il a fort mal agi envers vous. À sa prochaine visite, vous serez parfaitement froid et indifférent. Ce sera bien dommage, car vous aurez changé.

J’ai lu ce roman il y a très longtemps et j’aimerais le relire bientôt, puisque depuis le collège, la manière dont j’apprécie les livres a bien changé. On m’a souvent dit depuis qu’Oscar Wilde est un misogyne de première classe : je veux bien le croire mais mes souvenirs sont trop flous sur ce point. Dans le doute, je préfère tout de même prévenir (et si vous pouvez infirmer ou affirmer ceci en commentaire n’hésitez pas) ! Ceci étant dit, Le Portrait de Dorian Gray est un roman qui m’avait totalement envoûtée à sa lecture. L’ambiance sombre et victorienne, le thème de l’innocence perdue et des flétrissures, le tout porté par l’écriture pince-sans-rire et travaillée du dandy qu’était l’auteur… Ce n’est certes pas un roman terrifiant, mais son ambiance me semble absolument parfaite pour le thème, d’autant plus si vous aimez lire des classiques !


Courtney-crumrin

Courtney Crumrin
Ted Naifeh
(6 volumes, 2002 à 2012)

On passe à présent dans un monde fait de sorciers, de fées, de gobelins et de fantômes, avec une série de comics fantastiques plutôt grand public racontant l’histoire de la jeune Courtney Crumrin, adolescente déménageant dans le manoir de son grand-oncle avec ses parents, qu’elle ne comprend pas et qui le lui rendent bien. Petit à petit, elle découvrira les forces surnaturelles à l’œuvre dans la ville…

courtney_crumrin.png

Cette série est franchement sympa, et je pense que j’aurai probablement adoré la lire autour de dix ou douze ans : ça fait gentiment peur (la série n’hésite pas à laisser se faire dévorer les enfants qui entourent l’héroïne) sans être non plus effrayant. Ça joue surtout sur notre peur du noir et de l’étrange avec un certain talent, juste assez pour ne pas oser éteindre la lumière avant d’aller dormir !
Pour les adultes, rien de bien terrifiant à l’horizon, mais la lecture vaut le coup. Ted Naifeh a un vrai talent de conteur horrifique, et si j’étais plutôt perplexe sur son dessin un peu particulier (l’héroïne n’a pas de nez par exemple, et les humains sont parfois dessinés plus ou moins aléatoirement), sa maîtrise du noir et blanc est très sympa et certaines scènes sont superbes, bourrées de petits détails tous plus flippants les uns que les autres.
C’est finalement surtout un texte sur la solitude d’une adolescente qui se sent incomprise et ne parvient pas à s’intégrer comme elle le voudrait, faisant des choix parfois moralement douteux, et il y a une jolie évolution du personnage tout le long de la série. Bref, sans être un chef-d’oeuvre absolu, c’est une lecture facile et agréable qui peut vous immerger en douceur dans cette période !


meddling kids

Meddling Kids
Edgar Cantero
(2017)

Voici à présent une véritable curiosité littéraire, malheureusement pas encore sortie en France puisque sa parution américaine ne date que de juillet 2017 (l’écrivain est espagnol mais écrit certaines de ses œuvres en anglais). L’auteur étant déjà publié en français et le concept assez fun et dans l’air du temps, je ne vois pas pourquoi ça devrait tarder : mais pour le moment, il n’est accessible qu’aux anglophones.
Meddling Kids raconte l’histoire d’un groupe de jeunes qui, adolescents, chassaient ensemble les criminels de la ville où ils passaient tous leurs étés en compagnie de leur fidèle toutou. L’histoire se déroule dix ans après leur dernière enquête qui s’étaient achevée par l’emprisonnement d’un homme… mais tous savent que ce n’était pas vraiment lui le coupable. Non, il y avait quelque chose d’autre.

I saw the whole thing! A dog and a penguin helped him escape!

Le résumé vous rappelle quelque chose ? Eh bien c’est fait exprès, puisque Meddling Kids est un mélange entre le Club des 5 d’Enid Blyton, ScoubidouÇa de Stephen King mâtiné d’un peu de Lovecraft. Cela s’inscrit complètement dans cette vague de nostalgie des années 80 et 90 avec le succès de Stranger Things et le remake de… eh bien, Ça, par exemple. Cela donne quelque chose de très référencé et d’assez amusant avec des personnages plutôt attachants. J’ai trouvé quelques longueurs à l’ensemble, qui se lit toutefois avec plaisir et très facilement : le côté Scoubidou pour adulte rend les choses parfois assez drôles, notamment les interrogations sur pourquoi des criminels majeurs voudraient se déguiser pour accomplir leurs méfaits.
Bref, c’est du divertissement sympa même si perfectible, et j’attends de pied ferme une date de sortie française !


On passe aux choses sérieuses : que ce soit pour l’ambiance ou la violence, voici des œuvres à ne pas lire avant de dormir !

nicolas-samori.png
Thaw – Nicola Samorì (2013)

dans_les_bois

Dans les Bois
Emily Carroll
(2016)

Encore une bande-dessinée, mais que je ne mettrais cette fois-ci certainement pas dans les mains de jeunes enfants… Ou bien seulement de vraiment très courageux, puisque cette anthologie de contes horrifique fait découvrir monstres et histoires à ne pas en dormir la nuit.

dans_les_bois_extrait.png

La première chose à constater, c’est le dessin vraiment beau et réussi, qui parvient à instaurer des ambiances très différentes à chaque histoire, toujours dans l’angoisse et le malsain. Ce sont des contes nettement destinés à un public adulte même s’il n’y a pas de scène particulièrement violente en soi, mais certaines planches peuvent être carrément marquantes pour qui n’aime pas l’horreur.
Chaque chapitre est dans la pure tradition des nouvelles horrifiques, très courtes et à la chute plus ou moins ouverte. J’ai trouvé ça peut-être un poil inégal et peut-être un peu court, mais il y a de très belles idées : et c’est si rare de n’avoir ne serait-ce qu’un frisson d’angoisse en lisant qu’autant profiter de l’occasion ! Pour les amateurs d’Edgar Allan Poe et de contes anciens et terrifiants n’hésitez pas, tout en gardant à l’esprit que ce sont des nouvelles et qu’il est possible de rester sur sa faim.


serpentineSerpentine
Mélanie Fazi
(2004)

Encore des nouvelles horrifiques, cette fois-ci dans une ambiance très différente puisque loin d’être enveloppé d’une aura victorienne, tout est très moderne et urbain. Je suis généralement plutôt hermétique au genre, qui me laisse la plupart du temps sur ma faim : mais ici, c’est une belle découverte (et je compte bien me pencher sur les autres recueils de l’autrice à l’occasion !).
Entre aires d’autoroutes, lignes de métro et salon de tatouage, les lieux du quotidien se révèlent d’une manière plus sombre et effrayante qu’on ne pourrait le croire.

– La différence entre cuisine et sorcellerie n’est pas si grande qu’on veut bien le croire. J’étais sérieuse, tu sais : tout est dans les herbes. Leur connaissance est la clé de tout, en cuisine comme en magie.

Comme toujours avec les nouvelles, je n’ai pas accroché autant à chacune : mais inhabituellement, toutes m’ont plu, alors que la nouvelle fantastique est un genre assez casse-gueule qui peut vite virer au ridicule. Là, c’est bien écrit, surprenant tout en restant relativement simple (ce qui est le mieux dans des textes aussi courts) et même avec une touche d’originalité par moments.
Cela m’a un peu rappelé les œuvres de Gudule que j’adorais en primaire et au collège, avec ces ambiances doucement frissonnantes, et même quelques fois carrément effrayantes. Certaines chutes sont particulièrement bien trouvées, bref : c’est une jolie découverte du genre !


locke&key

Locke & Key
Joe Hill et Gabriel Rodriguez
(6 volumes 2008 – 2013)

Je termine avec la seule œuvre où je préfère prévenir longuement : Locke & Key n’est pas pour tout public. Si les livres précédents restent plutôt soft (même s’ils peuvent effrayer – gentiment -), ici on est face à un comics qui peut véritablement choquer et à ne surtout pas mettre entre les mains d’enfants.
Ces six volumes nous viennent tout droit de l’imaginaire du fils de Stephen King, Joe Hill, qui a pris comme son père un tournant certain vers l’horreur : on suit l’histoire d’une famille qui déménage suite au brutal meurtre de leur père, dans une maison qui va leur dévoiler petit à petit tous ses noirs secrets.

locke&key_extrait.png

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les secrets sont nombreux ! L’histoire est absolument passionnante et j’ai eu beaucoup de mal à lâcher cette bande-dessinée avant de l’avoir terminée, malgré quelques passages qui retournent un peu le cœur. C’est violent et imaginatif, avec un talent certain pour la mise en scène : le dessinateur a un trait un peu particulier qui, de prime abord, me plaît moyennement, mais c’est si maîtrisé et inventif que je me suis rapidement laissée emportée. Je préfère n’en dévoiler que le minimum vital sur l’histoire, entre fantastique, secrets de famille et drames familiaux.
C’est original, bien écrit, avec un rythme constant sur les six volumes. Je pense avoir fait une bonne nuit blanche à les terminer, pour avoir la fin… mais aussi parce qu’il est difficile d’éteindre la lumière après avoir lu tout ça !


Et voilà, à présent sortez les citrouilles et les toiles d’araignée, les bougies et les vieux grimoires, et si vous avez d’autres livres à conseiller pour se plonger doucement (ou non) dans l’ambiance n’hésitez pas à les partager.

17 réflexions sur “Be afraid, be very afraid – 6 livres pour préparer Halloween

  1. A part Le portrait de Dorian Gray, je ne connais aucun livre de ta sélection, mais je ne suis pas non plus hyper fan des histoires qui font peur, j’au déjà bien assez de mal à dormir comme ça! 😉
    Je me suis tout de même concoctée une petite sélection halloweenesque gentillette depuis ton C’est le 1er d’Octobre: Le prince de la brume de Carlos Ruiz Zafon, L’arbre d’Halloween de Ray Bradbury et j’hésite vraiment à relire les Hauts de Hurlevents en VO (mais j’en suis à un stade où je me dis que relire ne me fais pas avancer dans ma PAL, tu crois que c’est grave 🙂 )

    Aimé par 1 personne

    • Ahah, je comprends, c’est vrai que je me suis habituée mais même petite j’adorais me faire peur (mais le regrettais sitôt dans le noir) !
      Oh, je ne crois pas avoir lu ce Zafon, tu me diras si il est bien ! D’ailleurs je relirais bien l’Ombre du Vent… D’ailleurs je relirai bien les Hauts de Hurlevents aussi ! L’Arbre d’Halloween est très gentil et pour le coup très très jeunesse, ça explique un peu aux enfants comment se passe Halloween dans différentes traditions…
      Et je comprends complètement, j’essaye de relire sans penser à ma liste d’envies littéraires gargantuesque mais ce n’est pas facile…

      J’aime

  2. J’ai un retard hallucinant sur tes articles, je suis effroyablement désolée, je pourrais malheureusement pas tous les lire, la galère. 8.8 Cet article en vue d’Halloween est fort sympatoche ma foi, Courtney Cumrin m’intrigue un peu, et Dans les bois ainsi que le portrait de Dorian Grey me tentent déjà depuis un certain moment !
    Dans l’esprit frissons et grosses peurs, j’aurais placé Ca de Stephen King, que je voudrais beaucoup lire mais toujours ce problèmes de temps ! Un jour pourtant je le ferais pour aller au-delà de ma peur clownesque née à cause de ce foutu clown. ><

    Aimé par 1 personne

    • Mais ne t’excuse pas voyons, il n’y a pas d’obligation à lire les articles, en particulier en prépa 😀
      Je pense que les trois peuvent te plaire (même si je ne suis pas sûre que tu accrocheras au dessin de Courtney Crumrin), tu me diras ce que tu en penses !
      Je n’ai quasiment rien lu de Stephen King mais Ça est dans ma liste d’envie, tout le monde en parle en ce moment donc forcément ça intrigue :3 Et je compatis, je crois que le téléfilm a fait naître de nombreuses coulrophobies…

      Aimé par 1 personne

      • Certes mais quitte à être abonnée à un blog, autant que ce soit de manière active que fantomatique. >< Dire que je m'étais levée pour voir ma sœur parce que je n'arrivais pas à dormir quand j'étais gamine, après j'étais traumatisée. xD

        Aimé par 1 personne

  3. Je suis justement en train de lire « Le Portrait de Dorian Grey » et j’aime bien ! Je le lis tranquillement, entre deux livres pour les cours, mais j’adore la plume de Oscar Wilde.
    « Dans les bois » me tente beaucoup ! Je l’ai feuilleté à la librairie et j’ai failli le prendre.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire