3 bandes-dessinées pour la fête des pères

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C’est aujourd’hui la fête des pères, l’occasion pour moi de vous présenter trois bandes-dessinées sur la paternité !
La couverture de l’article est une photo d’Alysia Abbott et de son père. J’ai déjà parlé de Fairyland ici donc je pouvais difficilement le replacer aussi tôt, mais cette autobiographie retraçant la relation entre l’autrice et son père est parfaite, émouvante, lumineuse et complètement adaptée pour le thème.

Avant de passer dans le vif du sujet, petite interrogation. Quand j’ai écrit l’article pour la fête des mères j’ai trouvé une flopée de romans idéalisant la maternité ou présentant des mères monstrueuses, rarement des portraits réalistes d’une « simple » humaine. Je ne suis apparemment pas la seule à avoir tiqué puisqu’on m’a fait exactement la même remarque en commentaire. Dans beaucoup de textes (souvent écrits par des hommes d’ailleurs) la mère est objet du livre et non sujet. C’est une sainte, un monstre, rarement une personne.
Pour les pères eh bien… c’est un différent son de cloche. La majeure partie des livres que je connais sont écrits sur le père en tant que sujet, sa peur d’avoir des enfants, ses failles, ses erreurs, ses réflexions, bref, c’est un humain qui a en plus le droit de se tromper. Je n’ai pour l’instant pas trouvé un équivalent à Le livre de ma mère ou La promesse de l’aube sur un auteur qui raconte son père en le sanctifiant presque. L’autre cas de figure est la paternité protectrice, comme dans La Route de Cormac McCarty, qu’on retrouve dans un pas mal d’œuvres (le jeu vidéo The Last of Us par exemple, ou le récent film Logan) où le père doit protéger l’enfant innocent des attaques extérieures et ouvre petit à petit son âme de grand bourru pour montrer que oui, il a un cœur. Là, on est en effet plus dans l’archétype, mais c’est à nouveau l’évolution de l’homme au contact de l’enfant qui est mis en lumière et non pas le ressenti du fils/ de la fille face à la figure paternelle (et le père est bien le sujet de l’histoire).

Alors évidemment c’est une réflexion très empirique puisque je n’ai pas lu tous les livres sur le sujet ! Je pense bien (et j’espère) que ce que j’ai pu constater est dû aux limites de mes connaissances et de la recherche sur les bases de données littéraires comme Babelio donc je fais appel à vous : avez-vous constaté la même chose ?


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Ma grand-mère a lu et aimé ce manga, c’est dire à quel point il est grand public. C’est une bande-dessinée adorable également adaptée en animé (que l’on m’a dit très bien). La série est en neuf tomes mais je vous conseillerais personnellement de vous arrêter à la fin du quatrième, qui peut aussi bien être pris comme un épilogue en soi.
À partir du tome suivant, on retrouve les personnages après une ellipse de quelques années conduisant aux années collège/lycée de l’héroïne. Le manga prend un tournant shôjo nettement plus classique, axé sur les histoires de cœur plus que sur la relation entre père et fille.
Pour couronner le tout, la véritable fin m’a mise en colère avec un revirement inattendu et franchement malvenu. Je ne parlerais donc que de la première partie ici !

Daikichi est un trentenaire célibataire qui à l’enterrement de son grand-père découvre que celui-ci laisse derrière lui une fille illégitime de six ans. Par la force des choses, il devient alors le père adoptif de cette enfant.

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On est ici face à de la pure tranche de vie dans tout ce que le terme porte de meilleur. Les personnages sont crédibles et touchants, très humains avec des cheminements de pensées rarement clichés. Il n’y a pas de rebondissement incroyable après celui de départ, l’intérêt est vraiment de suivre avec bienveillance cette relation père-fille naissante. L’enfant est absolument adorable d’ailleurs, difficile de ne pas s’attendrir à coup de « haaaanw » devant certaines planches.
Sur la forme, le dessin est simple et minimaliste, pas forcément beau au sens premier du terme mais maîtrisé dans son style, expressif et lisible.

C’est une lecture très mignonne qui fait passer un joli moment, tout en abordant de manière assez concrète ce qu’implique l’éducation d’un enfant dans une famille monoparentale au Japon de nos jours, de la difficulté de trouver une garderie aux jugements extérieurs.
Très sympa !


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À nouveau une relation père-fille, mais qui se met cette fois en place dès la grossesse. Cette bande-dessinée autobiographique raconte l’attente d’un enfant et la découverte à sa naissance d’une trisomie non dépistée. Fabien, le père, a beaucoup de mal à accepter sa fille.

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Le sujet est délicat et l’auteur choisi de le présenter avec un peu d’humour et un certain détachement. C’était assez casse-gueule sur le papier mais il s’en sort avec brio. Il n’y a pas de jugement de valeur, pas de grande règle de vie ou de morale de conte de fées. La situation est compliquée et présentée comme telle, même si parfois les personnages sont présentés de manière un peu caricaturales (j’ai lu en interview que l’auteur a exagéré ses caractéristiques et celles de sa femme pour s’éloigner de quelque chose de vraiment trop intime à présenter au public).

Ses mots envers sa fille sont parfois violents et le deuil de l’enfant « idéal » fait de toutes les attentes projetées sur lui (et qui n’existe que dans la tête des parents) rend certains passages assez durs, mais il y a aussi beaucoup d’amour dans ce récit, que l’on ressent chaque jour un peu plus. Le tout est servi par un dessin simple, doux et chaleureux.

C’est un témoignage très sincère, avec une très belle conclusion.


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On termine dans le fantastique avec un bel album se rapprochant doucement du conte de fées.

Joachim et ses parents vivaient heureux au creux des collines. Puis les ombres apparurent et rien ne fut plus comme avant. Une sourde menace s’était immiscée : il fallait fuir ou se soumettre.

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Le dessin de Trois Ombres est superbe et porte parfaitement le récit, se montrant aussi lumineux et insouciant qu’inquiétant et lourd de sens selon les scènes. Le tout est très poétique, un peu enfantin par moment tout en laissant passer un message plus adulte et métaphorique de la mort et du deuil. Est-ce que ce n’est pas le propre d’un conte ?
L’histoire est particulièrement centrée sur le père et sa relation avec son fils, et si tout dans l’homme peut se rapprocher de la figure du héros, fort, courageux et intrépide, le traitement du personnage est assez fin et touchant.

C’est finalement une belle surprise envoûtante et pleine de poésie, graphiquement irréprochable.


Avez-vous déjà lu ces bandes-dessinées ?
Connaissez-vous d’autres livres sur la relation entre père et enfant ?

4 réflexions sur “3 bandes-dessinées pour la fête des pères

  1. Jolie sélection! Ce n’est pas toi que j’attendais est sur ma whish-list depuis de nombreux mois, je suis donc bien heureuse d’avoir ton avis!
    En manga, il y a aussi Père et fils de Mi Tagawa, l’histoire d’un apothicaire ambulant qui décide, à la mort de sa femme, d’emmener son fils de 3 ans avec lui sur la route. C’est très touchant de voir s’installer progressivement la relation entre le père et le fils, les doutes du père, le jugement d’une partie de la famille, la vie sur la route, au milieu des plantes. Bref, j’adore!

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  2. Je pense immédiatement à fun home de alimentation brechdel, mais plus qu’une relation père /fille c’est aussi la découverte de l’homosexualité, ms c’est vraiment bien. Je connais trois ombres, mais pas les autres bd.
    Pour les romans, il y a Sarinagara de Philippe Forest, ms oui c’est le roman du père pour sa fille, et sur son absence. Je vais réfléchir voir si je trouve d’autres choses.

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    • Ah, je connaissais Alison Brechdel pour son test mais je n’ai rien lu d’elle (je ne savais même pas qu’elle faisait de la BD en fait…)
      J’avais déjà ajouté Sarinagara au panier de ma bibliothèque quand tu en avais parlé, je rajoute Fun Home en plus !

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